GPS : 48°32'57 N 4°42'21 W
Accès:
Sortir de St-Renan par la route de Ploudalmézeau (D68) et la continuer tout droit vers Argenton. 1,3 km après la chapelle St-Roch, tourner à droite vers Landunvez. Traverser le bourg, rejoindre la D27 et continuer dans la même direction jusqu'à Kersaint. Au rond-point, obliquer à droite et stationner aussitôt à droite dans le parking de la chapelle.
Le clocher de cette chapelle, avec ses trois étages surmontant une belle galerie, a été reconstruit en 1903. En effet, la foudre venait d'abattre l'ancien clocher datant de 1749 ainsi que les vitraux, tandis que la toiture était gravement endommagée.
La Dépêche de Brest - 27 février 1903
Devant le portail de la chapelle se dresse un grand ossuaire en pierres comportant 13 niches destinées à accueillir des crânes. Rassurez-vous, elles ne sont pas occupées ! |
On remarque l'ornementation architecturale en pierre de kersanton particulièrement ouvragée qui entoure le grand portail de la chapelle.
Le bâtiment a été construit au XVe siècle, époque où les seigneurs du château de Trémazan1, les Du Chastel, étaient tout puissants à la cour des rois de France.
Il a probablement remplacé une chapelle beaucoup plus ancienne, pouvant même remonter au début du Moyen Âge. En effet, si l'on contourne le bâtiment, on peut voir une pierre tombale de couleur claire juchée sur un socle de granit composé de deux petites arcades. Il s'agit en fait d'un cénotaphe, c'est-à-dire d'un monument funéraire ne contenant aucun corps.
La dalle supérieure a été trouvée sur le sol, devant l'autel de la chapelle, lors des travaux qui ont suivi la destruction du clocher par la foudre en 1903. Le socle à arcature qui la met en valeur a pu appartenir à la balustrade de l'ancien clocher.
Immédiatement sous la dalle se trouve la partie supérieure, très dégradée, du tombeau.
On découvre qu'elle est ornée à son extrémité du blason érodé des Du Chastel. Et le long de son bord, on voit encore les traces d'une inscription devenue totalement illisible.
Il est donc probable que ce tombeau enfoui devant l'autel était celui de l'un des premiers seigneurs de Trémazan, peut-être même le fondateur de l'ancienne chapelle. Ce qui ferait de cette pierre le plus ancien vestige du site.
Livrée dehors aux intempéries depuis plus d'un siècle, il apparaît qu'elle va continuer de se dégrader.
En 1518, par décision de Tanguy(V) du Chastel, la nouvelle chapelle devient une collégiale, c'est-à-dire qu'elle est confiée à une communauté de moines, six prêtres blancs, bénéficiant de revenus ecclésiastiques et résidant, à partir de 1560 environ, à la Maison des Chanoines, qui fut construite pour eux non loin du château. Ils organisaient tous les offices et conservèrent cette charge jusqu'à la Révolution. Considérée comme bien national, la chapelle fut vendue à la famille Bazil qui en fit don à la paroisse de Landunvez en 1810. Ce sont également des descendants de cette même famille qui apportèrent les fonds lors de la reconstruction de la partie détruite de l'édifice.
La nef
L'intérieur du bâtiment est intéressant. Le visiteur est accueilli dès son entrée par un grand tableau de la Crucifixion récemment restauré.
Ex-voto. Très belle copie de l'œuvre du peintre hollandais Jordaens ( XVII e )
actuellement exposée au Musée des Beaux-Arts de Rennes
Kersaint fut un important centre accueillant les pèlerins. La légende de Sainte Haude et Saint Tanguy a toujours été à la base de leurs dévotions.
Lire la tragique légende contée sur notre page décrivant la fontaine Sainte-Haude :
Elle est rappelée par les vitraux du maître-verrier Léon Payan2, qui datent de 1901.
Devant ce spectacle, deux lavandières se désolent tandis qu'un bourgeois lève les bras au ciel.
Cette représentation d'un saint commettant un meurtre fratricide est tout à fait étonnante dans un lieu de culte. Mais il faut se souvenir que sa sœur lui a pardonné son acte et que les évangiles prônent toujours le pardon.
La sainte porte sous le visage la trace du coup d'épée qui l'a décapitée.
On aperçoit au fond l'abbaye de St-Mathieu qu'il fondera plus tard.
Ces vitraux ont remplacé ceux qui avaient été détruits par la chute du clocher en 1903 : Ils représentaient les cinq membres de la famille du Chastel devenus évèques. Jean, évèque de Carcassonne, fondateur de la chapelle du XVe siècle, Olivier et Gabriel évèques d'Uzès, Olivier évèque de St-Brieuc et Hippolyte évèque de Tréguier.
Aux murs de la nef deux statues restaurées rappellent encore la légende fondatrice du pèlerinage.
La sainte porte à la main la fleur rouge que la légende dit s'épanouir autour du lieu du meurtre et dans les fossés du château.
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Restaurée en 1998, la chapelle a bénéficié d'importants travaux portant sur sa charpente, sa voûte en berceau, sa couverture d'ardoises et ses murs. Depuis 2017, de nouveaux travaux ont porté sur l'éclairage et l'embellissement de l'intérieur. Les blasons et les engoulants des poutres, par exemple, sont redevenus polychromes.
Au centre des poutres, les blasons illustrent pour la plupart les alliances des seigneurs Du Chastel, de Trémazan, avec d'autres familles nobles de Bretagne. L'héraldiste Michel Mauguin en a fait une étude remarquable :
( Plan extrait de Landunvez héraldique par Michel Mauguin dec.2018 )
Grâce à ce plan, le visiteur prendra plaisir à rechercher et identifier les autres blasons. Voici par exemple, tel qu'il se présentait avant sa restauration en 2022, l'un de ceux figurant sur la poutre 2 du plan ci-dessus.
( Photo A. du Chéné )
On reconnaît à gauche les armoiries d'Olivier du Chastel,
seigneur de Trémazan, et à droite celles de Marie du Poulmic.
Ils se sont mariés en 1459, à l'époque du roi Charles VII
( Recherches héraldiques de Michel Mauguin )
La nef, toute simple, présente dans ses parois une vingtaine de vases en terre cuite qui ont été mis au jour sous les anciens enduits. Cet appareillage confère au bâtiment une exceptionnelle qualité acoustique qui permet au Cycle Musical de Kersaint-Landunvez d'y organiser chaque été une série de concerts réputés.
Le passé de la chapelle en tant que centre de pèlerinage est rappelé par la présence d'un petit couloir latéral, appelé couloir des lépreux, qui permettait aux malades de gagner directement la chapelle de la Vierge sans cotoyer les autres fidèles. Un petit vitrail moderne en marque l'ancienne entrée.
Deux cheminées permettaient même aux pèlerins de se réchauffer lorsqu'ils passaient la nuit dans l'édifice.
Un grand vitrail moderne domine le maître-autel avec lequel il s'harmonise parfaitement.
Réalisée par les ateliers d'Antoine Le Bihan, à Quimper
sur un projet d'Hung Rannou,
cette maîtresse-vitre a été posée en juin 2017.
Par transparence, on voit même s'agiter les feuillages extérieurs qui animent ainsi le vitrail.
Le maître-autel restauré récemment date de la première moitié du XIXe siècle. En forme de tombeau galbé, il arbore des boiseries polychromes imitant le marbre qui recouvrent l'ancien autel en pierre. On retrouve le même style romantique et le même décor floral dans la chapelle Saint-Gonvel.
A droite de l'autel, au-dessus de la porte de la sacristie, trois petits tableaux sont exposés.
Ils proviennent d'une toile très abîmée représentant la Sainte Famille, qui ornait la sacristie et ne pouvait plus être restaurée.
La Sainte Famille à l'atelier. Ex-voto. Huile anonyme sur toile de 1843.
( Photo A. du Chéné )
L'aile nord du bâtiment est consacrée à la Vierge. Son grand retable dont la structure a été remaniée et les peintures restaurées surplombait autrefois le maître-autel. Le tableau central représente l'Assomption. Inscrit aux Monuments historiques, comme le sont le maître-autel du chœur et le retable, il serait attribué au peintre Yann Dargent et date du début du XIXe.
Une très belle statue de Notre-Dame de Bon Secours et de son Fils, tous deux couronnés, est placée dans une niche autrefois fermée par deux volets de bois.
La Vierge est représentée tendant une grappe de raisin ( ou une pomme de pin ? ) à l'enfant Jésus. Les couronnes et le manteau fleurdelisé rappellent leur rang au Royaume des Cieux.
La Vierge, à laquelle est dédiée toute la chapelle, est appelée ici en breton Itron Varia Wir Zikour, littéralement Dame Marie ( Notre Dame ) du Vrai Secours ( de Bon Secours en français). Le pardon de Notre-Dame de Bon Secours a lieu chaque année le jour de l'Ascension et le 15 août. Les fidèles sont très nombreux à y participer.
A gauche de ce tableau une statue en bois intrigue le visiteur :
( Photo A. du Chéné )
Cette œuvre qui a perdu les doigts de sa main droite et que l'on nomme ici La Sainte Femme serait une Mater Dolorosa.
Trois maquettes de voiliers données chacune en ex-voto à la chapelle à la suite d'un vœu rappellent au visiteur les conditions difficiles de navigation en mer d'Iroise.
La plaque ci-dessus a été posée à la suite d'un vœu prononcé par le capitaine d'un voilier de commerce et ses matalots. Une violente tempête les avait amenés à très faible distance des écueils de la côte. Le danger était imminent, le voilier allait se fracasser.
«- Promettons à Notre-Dame de Kersaint d'aller la voir dès demain si elle nous tire d'ici », dit alors le capitaine.
Et une vague plus forte que les autres projeta le navire au-delà des roches. Le lendemain, ils vinrent comme promis, la tête et les pieds nus, remercier Notre-Dame de Bon Secours.
Dans l'angle, de nombreuses plaques de remerciements à Notre Dame de Bon Secours prouvent la reconnaissance que les pèlerins et les paroissiens lui ont de tous temps témoignée.
Une autre statue est placée contre le mur sud de la nef. Elle représente Sainte Anne, mère de la Vierge et grand-mère de l'enfant Jésus. Sainte Anne est la patronne de la Bretagne.
On remarquera encore, non loin de là, une chaire à prêcher placée très en hauteur. Les chanoines y accédaient par une petite porte donnant sur un escalier placé dans la sacristie.
Enfin, au fond de la nef, non loin du confessionnal, se trouvent les fonts baptismaux au pied d'une dernière statue en bois représentant le Christ bénissant.
( Photo A. du Chéné )
-1- Les ruines du château fort de Trémazan sont situées à 500 m de la chapelle. Une page de ce site internet leur est consacrée.
-2- Léon Payan a dessiné et confectionné les vitraux d'un grand nombre d'églises et de chapelles en Bretagne. Pour plus de renseignements sur cet artiste et sur son œuvre, voir ci-dessous le site internet très documenté qui lui est consacré.
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EN SAVOIR PLUS
Ne manquez pas de visiter le site de
l'Association pour la sauvegarde des chapelles de Landunvez
Imprimez l'itinéraire ci-dessous pour découvrir d'autres lieux rappelant la légende de Sainte Haude et Saint Tanguy:
Cliquez sur ces deux images pour le télécharger
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- "La chapelle de Kersaint, Notre Dame du Vrai Secours".
- Abbé Ernest Appéré : "Notice sur Notre-Dame de Kersaint", Impr.Le Grand, Brest, 1936.
Des concerts sont organisés chaque année dans la chapelle lors de la saison estivale. Voir sur ce site la rubrique : Fêtes et animations .