L'église Saint-Pierre et Saint-Vincent Ferrier
( Commune de Ploudalmézeau )
GPS du stationnement : 48°32'28.8 N 4°39'23 W
Accès:
Stationner de préférence sur le parking de la mairie et rejoindre l'église à pied.
L'église de Ploudalmézeau est un vaste bâtiment dont la nef et le transept forment une croix latine. Son clocher néo-gothique extérieur date de 1775. Il arbore deux belles galeries superposées donnant chacune sur une chambre des cloches par huit larges ouvertures. On remarquera que se dressent, aux angles des galeries, des clochetons soutenus par des arcs-boutants. Quatre pinacles encadrent une flèche élancée. Le coq et la croix qui la surmontent ont été remplacés après une tempête en 2017.
Avant de pénétrer dans l'édifice, faisons le tour de cette église.
Dirigeons-nous vers la gauche. c'est-à-dire en ayant le bâtiment à notre droite.
Vers l'arrière, on aperçoit trois fenêtres qui manifestement sont plus anciennes que les autres.
Situées dans l'actuelle sacristie, elles appartenaient à une précédente église.
Tout à l'arrière, sur le mur du chevêt, on découvre successivement deux plaques finement gravées. La première est difficilement lisible car ses quatre lignes sont couvertes de caractères gothiques usés par le temps:
On peut cependant déchiffrer :
« L'an mil cinq centz et quatreen fin d'avril sans rien rabattre
fut au pignon de cette église
la première pierre assise »
On voit que les derniers mots de chaque ligne : quatre, rabattre, église, assise, riment. Il s'agit donc d'un quatrain destiné à conserver de manière originale la mémoire de la construction en 1504 de l'ancienne église. Les mots sans rien rabattre indiquent que le projet initial a été pleinement accompli.
Quelques pas plus loin, on peut voir une autre plaque commémorative, dont la lecture présente beaucoup moins de difficultés :
C'est un nouveau quatrain, mais en caractères gothiques plus lisibles :
« L'an mil huit cent cinquante-septà la mi-mars tout compte net
fut de notre nouvelle église
la pierre angulaire assise »
Il s'agissait alors, en 1857, de construire derrière le clocher l'église actuelle afin de remplacer l'édifice du XVIe siècle à la fois trop petit et trop dégradé. L'église précédente a donc été utilisée plus de 350 ans et elle n'était évidemment pas la première.
Poursuivons notre chemin autour du bâtiment pour revenir à l'entrée.
De part et d'autre du portail, le visiteur est accueilli par deux belles statues de saints.
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A gauche du portail, Saint Arzel est représenté une bible à la main, évangélisant la population.
A droite, Saint Pol Aurélien foule à ses pieds le dragon dont il aurait délivré l'île de Batz. En tenue d'évêque il donne généreusement refuge, sur la photo, à un pigeon posé sur sa mitre.
Cependant l'église n'est pas dédiée à ces deux saints qui ont pourtant marqué la région. Elle est d'abord vouée à Saint Pierre, l'apôtre gardien du paradis. Mais il pourrait s'agir d'une confusion que l'on retrouve aussi à Ploumoguer. Parmi les compagnons de Saint Pol Aurélien, l'un d'eux, prénommé Pierre, aurait fondé un monastère à Lamber. Vénéré comme un saint, son nom aurait ensuite été confondu avec celui de l'apôtre du Christ.
Saint Pol Aurélien, prêtre gallois, est beaucoup plus connu. C'est l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne que les pélerins du moyen âge vénéraient au cours de leur Tour de Bretagne, le Tro Breizh. Selon la tradition, au VIe siècle, après son débarquement à Ouessant, Pol Aurélien aurait établi un oratoire à l'emplacement actuel de l'église de Lampaul-Ploudalmézeau. Il fonda ensuite un monastère à l'île de Batz où l'on dit qu'il débarrassa la population d'un terrible dragon. Le roi Childebert 1er le nomma évêque et lui offrit l'évéché de Castel-Paol, l'actuel St-Pol-de-Léon.
L'intérieur de l'église est très vaste : La nef est composée de 5 travées, et de deux bas-côtés. Elle est croisée d'un large transept dont les bras abritent deux chapelles. Une dernière travée renferme le chœur.
L'autel trône à la croisée du transept.
Le style néo-gothique se retrouve dans les croisées d'ogives de la voûte ainsi que dans les chapiteaux des piliers.
Les fonts baptismaux
L'espace réservé aux baptêmes se trouve dans l'aile nord du transept.
Les deux bassins ne sont visiblement pas de la même époque
et le plus ancien, au socle octogonal, pourrait provenir de l'église précédente.
Le baptême du Christ
Les fresques du chœur
Les parois du chœur comportent deux immenses fresques qui se font face. Elles sont l'œuvre du peintre André Mériel-Bussy, artiste contemporain, et se rapportent à Saint Pol Aurélien.
A droite, Saint Pol Aurélien, venant d'Ouessant, débarque à Ploudalmézeau.
On voit que le premier geste du saint consiste à christianiser un menhir, symbole d'un culte païen. La fresque indique ainsi l'objet de sa mission en Armorique.
Le mur de gauche comporte une seconde fresque, tout aussi monumentale.
Comme les archanges Saint Georges ou Saint Michel, Saint Pol Aurélien terrasse le dragon du paganisme.
Les vitraux
Eclairant largement la nef et les bas-côtés, de grands vitraux ornent cette église.
On reconnaîtra sans peine toute une série consacrée à la vie de Saint-Pierre. Ils datent de 1913 et sont l'œuvre de l'atelier Plonquet, à Paris.
Après la mort du Christ, Saint Pierre préside le premier concile apostolique.
Prisonnier à Rome, dans sa cellule, Saint Pierre baptise ses geoliers
Au fond du chœur, la maîtresse vitre représente la Crucifixion. Très moderne et abondamment colorée, elle est l'œuvre des ateliers béarnais Mauméjean et date du premier quart du XXe siècle.
Aux extrémités du transept, deux autres grands vitraux se font face et dominent les chapelles. Ils ont été créés par la Société artistique de peinture sur verre à Paris et datent aussi du début du XXe siècle.
Les statues
Dès l'entrée dans la nef, le regard est attiré, à droite, par une mise au tombeau.
Près du chœur et de l'aile nord du transept, c'est de nouveau le corps du Christ que l'on découvre gisant au sol derrière les chaises.
Plus loin, dans l'angle de l'aile sud du transept, une effigie coiffée d'une tiare nous rappelle que Saint Pierre est bien l'un des deux saints auxquels est dédié l'édifice. Cette statue en bois polychrome provient sans doute de l'ancienne église et pourrait dater du XVIe siècle.
Mais l'église est aussi placée sous le patronage de Saint Vincent Ferrier. Ce saint espagnol peu connu est représenté ici par deux fois.
Saint Vincent Ferrier était un moine dominicain né en Espagne, à Valence, en 1350. Brillant orateur, théologien réputé et ami de Benoît XIII, il a clairement pris parti pour la papauté d'Avignon. Puis il rallia la papauté de Rome dans le but de mettre fin au schisme de l'Eglise. Le duc de Bretagne Jean V le fit venir dans son duché en 1418 et il parcourut alors tout le pays breton. C'est en souvenir de son passage que Ploudalmézeau lui a co-dédié son église. Saint Vincent Ferrier est mort à Vannes en 1519 et fut canonisé en 1455. Il est le saint titulaire de la cathédrale de Vannes.
Plusieurs autres statues retiendront l'attention du visiteur.
La Vierge de Ploudalmézeau |
Sainte Anne faisant l'éducation de sa fille la Vierge Marie |
On le voit, l'intérieur de cette église relativement récente contient d'importants témoignages de la foi des Ploudalméziens au cours des siècles.
Et en la quittant, le visiteur ne manquera pas d'aller jeter un coup d'œil, à l'extérieur, sur la pierre très ancienne qui se dresse dans le placître. Cette croix de granite qui pourrait dater du XIIIe siècle ou même être antérieure, présente des sculptures sur ses quatre faces.
Le Christ protégé par un dais domine deux petits personnages qui pourraient être la Vierge et Saint Jean |
La Vierge et l'Enfant |
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Très érodés par les intempéries, les personnages figurant sous les bras de la croix sont difficilement identifiables. Quant au socle, il pourrait s'agir du fragment d'une stèle gauloise aux arêtes chanfreinées qui fut ainsi christianisée.
Les religions peuvent changer, l'objet des rites perdure.
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Merci à M. Jos Saliou et à l'association « Musée du Ponant » qu'il copréside, pour leur aide et leur prêt de documents.