La chapelle Dom Michel
( ou Notre-Dame de Bon Secours )
Commune du Conquet
GPS : 48°21'37 N 4°46'37 W
Accès:
Venant de St-Renan ou de Brest, traverser tout droit le centre du Conquet comme pour rejoindre l'embarcadère et stationner au parking situé à l'angle de la rue Ste-Barbe et de la rue Dom Michel. Du parking on aperçoit la chapelle dans la rue Dom Michel.
Cet édifce, récemment restauré, fut pendant les douze dernières années de sa vie la demeure de dom Michel Le Nobletz1. Né à Plouguerneau en 1577, ce prêtre qui a vécu dans sa jeunesse les guerres de religion est décédé ici en 1652 2.
Après des études de théologie à la Sorbonne, dom Michel se fixa pour objectif d'évangéliser à sa manière la population léonarde. Exerçant successivement à Plouguerneau, Morlaix, Quimper, Sein, Molène, Ouessant et Batz, il resta 25 ans à Douarnenez avant de se fixer au Conquet.
Sa fougue, ses talents d'orateur, son ardent désir de conviction et surtout la méthode qu'il employait pour catéchiser le peuple l'ont vite fait connaître dans toute la Bretagne. Face à une population souvent illettrée, il avait compris bien avant le vingtième siècle la force de persuasion des images qu'il utilisait comme supports de ses prêches.
Des reproductions de ses « cartes », les taolennoù comme il les appelait en breton, figurent sur les murs de la chapelle. Les originaux, tracés sur des peaux de moutons, étaient facilement transportables.
Le Miroir du Monde
Sur cette carte, dessinée par Allain Lestobec, régistrateur du Conquet, la vie de la population est représentée de bas en haut : les riches à droite, les pauvres à gauche. Ils accèdent tous, en haut, à la fin de leur vie, à l'enfer, au purgatoire ou au paradis. Des passerelles existent cependant entre les deux groupes. On remarquera à droite le couple de jeunes mariés dont la carriole a pour cocher le diable en personne, traduisant ainsi les dangers qu'entraîne pour la morale la vie maritale chez les plus aisés. Ces dessins sont précieux pour l'étude des professions et des costumes du XVIIe siècle. Quatorze de ces taolennoù, classés Monuments historiques, sont conservés à l'évêché de Quimper.
Donnant toujours l'exemple, intransigeant dans ses convictions, dom Michel s'était fait l'ardent défenseur des pauvres et pourfendait la richesse et le luxe. En ces temps où les dignitaires de l'Eglise étaient principalement issus de la noblesse, on devine aisément que ses paroles qui prônaient l'ascétisme, la pauvreté et la miséricorde ne plaisaient guère à sa hiérarchie. Il faudra attendre 1888 pour que s'ouvre en sa faveur un procès en béatification et 1913 pour que le pape Pie X reconnaisse ses vertus.
La chapelle est à l'image de son patron : simple et sobre. Ses vitraux ainsi que les petites statues qui la décorent sont de facture récente.
Une belle Pietà de la période XVIe-XVIIe siècles, en bois polychrome, à l'expression pathétique, trône au-dessus de l'autel. C'est à coup sûr la star de la chapelle. Restaurée récemment par un atelier professionnel et scellée solidement dans le mur, cette œuvre unique est inscrite à l'Inventaire des Monuments historiques depuis le 24 décembre 1990.
Un ex-voto
La chapelle Dom Michel est aussi connue sous l'appellation « Notre-Dame de Bon Secours ». Et c'est pour cette raison qu'à la fin du XIXe siècle on pouvait s'y rendre afin de prier la Sainte Vierge. Un ex-voto y a été déposé à la suite d'un naufrage comme en témoigne la planchette ci-dessous qui y a été retrouvée.
(vœu fait à la) Sainte-Vierge à 8 heures du soir dans la baie des Blancs Sablons
par le capitaine LEMARCHAND et son équipage.
Le navire a fait côte à 10 heures. Equipage sauvé. 2 Fev. 1873. © Photo JPC
Une très forte tempête ayant obligé plusieurs navires à se réfugier dans la baie des Blancs Sablons le 2 février 1873, six d'entre eux avaient été jetés sur les rochers où ils s'étaient fracassés. Il s'agissait de trois goélettes, un brick, un chasse-marée ainsi que le bateau d'un certain capitaine Lemarchand. Ce dernier, à la suite d'un vœu fait à la Vierge, a dû venir déposer ici un ex-voto ( la maquette de son navire ? ) accompagné de cette planchette explicative. On ignore le nom et le type de son bateau car, contrairement aux cinq autres, ceux-ci ne figurent pas sur le rôle de désarmement.
Quant à la restauration de l'édifice, elle date de 2013 et a été rendue possible par la signature d'une convention entre la Fondation du Patrimoine, la commune du Conquet et l'association « Mignoned Dom Mikël Konk Leon » ( Les Amis de Dom Michel du Conquet ) qui a lancé une souscription auprès de la population.
Un acte de solidarité patrimoniale que l'on aimerait bien voir imité plus généralement lorsque d'autres types de bâtiments méritent aussi d'être sauvés.
EN SAVOIR PLUS
-2- Sur la transformation en chapelle de la maison où vécut Dom Michel, voir le blog de Jean-Pierre Clochon :
Sources :
Marcel Quellec, "Restauration de la chapelle Dom Michel" in Bulletin communal du Conquet n°92 01/2013.
Marcel Quellec, "Le patrimoine, une priorité" in Bulletin communal n°94, 01/2014.
Marcel Quellec, "La Pietà a fait peau neuve" in Bulletin communal n°96, 02/2015.
Yann Celton, Hervé Queinnec, Kelig-Yann Cotto et Kristell Loussouarn, "Taolennoù Michel Le Nobletz", Locus Solus 2018 :
Un magnifique ouvrage au format 24x32 où l'on retrouvera les reproductions des 14 cartes sur parchemin conservées
à l'évêché de Quimper.
Des animations sont prévues chaque année dans la chapelle : expositions, concerts et chants. Voir sur la rubrique ce site : Fêtes et animations .