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Le manoir de Kerenneur 1


( Commune de Plourin )


Inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques en 1977.

Des animations sont prévues régulièrement dans ce manoir : concerts et chants.
Voir sur ce site la rubrique " Fêtes et animations "


Visite possible à l'occasion de ces animations
et sur demande au 06 79 03 30 53




GPS : 48°30'50 N  4°44'45 W



Accès : Venant de St-Renan par la D68 dans la direction d'Argenton, après la chapelle St-Roch que l'on aperçoit à droite de la route, prendre après quelques maisons la petite route à gauche à l'angle de «La Pampa». Suivre ensuite les pancartes du circuit VTT n°4, puis à gauche une route étroite fléchée Kerenneur et signalée sans issue. Le manoir est à 600 m.
Stationner en bordure de la voie, traverser le parc à pied, pénétrer dans la cour et se présenter à la seconde porte du logis. Lors des animations, l'entrée ne se fait pas par le parc mais tout au bout de la route, par le portail à mâchicoulis.




   Eloigné des principaux axes de circulation, le manoir de Kerenneur n'est guère connu que des habitués des concerts qui y sont organisés en été. C'est pourtant une construction fortifiée intéressante, remontant à la guerre de Cent Ans, que les propriétaires actuels, au cours d'une longue période de rénovation, ont sauvée de la ruine.
Il fait partie d'un ensemble bâti près d'un cours d'eau, qui comprenait, outre le manoir lui-même avec son parc, son jardin et ses dépendances, les bâtiments d'une métairie, une chapelle, un pigeonnier, un moulin à vent et deux moulins à eau.
    Construit vers l'an 1400 par Hamon de Kergadiou, ce qui est devenu un manoir était à l'origine un simple poste de guet fortifié. Situé à 1 km d'un littoral beaucoup moins habité qu'aujoud'hui, il permettait de surveiller la mer et de prévenir les manoirs proches en cas de débarquements ennemis.
    A l'intérieur du logis, un blason très érodé surplombe la porte donnant sur l'escalier. Manifestement, cette pierre a fait un long séjour à l'extérieur, vraisemblablement sur la façade du logis. On arrive à y distinguer les armes de Guyon de Kergadiou et d'Anne de Kerlozrec qui se sont unis à la fin du XVe siècle. La construction du logis pourrait donc remonter à cette époque.
Mais c'est un autre blason que l'on remarque actuellement sur la façade sud du logis : il combine les armes des Kergadiou avec celles des Kerlec'h à l'occasion sans doute du mariage de Tanguy de Kergadiou avec Catherine de Kerlec'h du Chastel vers 1510.

A gauche, le blason tel qu'on le voit sur la façade. A droite, le même, colorisé par nos soins selon sa lecture héraldique :

« Mi-parti au 1 d'or à trois fasces ondées d'azur, au franc canton chargé d'hermines; au 2, un fascé d'or et de gueules, la troisième fasce chargée d'un annelet de gueules, sur le tout un lambel d'azur placé en chef.»


La moitié gauche symbolise la famille de Kergadiou, la moitié droite la famille de Kerlec'h.
Le lambel bleu situé en haut du blason indique que les mariés sont tous deux des cadets et n'ont donc pas le droit de porter des armes pleines.

  Au-dessus des fenêtres du premier étage, qui datent d'un remaniement vers 1540-1550, deux autres blasons marquent le mariage de Marie de Kergadiou, héritière du manoir, avec François de Kersauzon, seigneur de Penhoat.
Le domaine passa plus tard aux Poulpry qui le gardèrent jusqu'à la Révolution. Il fut ensuite utilisé en tant que ferme. La famille des actuels propriétaires l'a acquis en 1889.


                Sur cette carte postale, où figurent une vingtaine de personnes en habits de la Belle Epoque, trône l'imposant pigeonnier détruit en 1919. On aperçoit au fond le portail d'entrée du manoir surmonté de sa terrasse à mâchicoulis. Les toitures du logis, des communs et de la grosse tour semblent aussi en bon état. Bien que la carte ait été postée dans les années 1920,
la vue date d'avant la guerre de 1914-1918.


   Il faut franchir une barrière pour découvrir, au bout de la route d'accès, le portail d'entrée du manoir. Les mâchicoulis qui le surmontent permettaient sans doute de le défendre, mais ils avaient aussi pour rôle d'affirmer le rang des occupants. Ils bordent une terrasse à laquelle on accède depuis la cour par un étroit escalier à vis.



    La belle cour du manoir est dite « à pavage bouleversé » car son sol, qui présente une planéité très approximative, est formé de grandes dalles posées de chant afin d'améliorer l'écoulement des eaux de pluie. Partout domine le granite rose de l'Aber Ildut, aussi bien dans les pierres des constructions que dans le dallage. Un puits rustique, encore en bon état, attire le regard au milieu de la cour. Au fond de l'ancien jardin clos s'élevait autrefois la chapelle. Il n'en reste rien aujourd'hui.





  La façade nord du logis présente une allure plus sévère en raison de sa fonction défensive. Sa grosse tour d'angle supporte une échauguette qui s'appuie aussi sur l'aile ouest du bâtiment. Toutes deux contiennent de superbes escaliers à vis. Des petits fossés, autrefois remplis d'eau par des sources, ont par la suite été partiellement comblés et les propriétaires actuels ont dû les creuser de nouveau afin de dégager les fenêtres de la cuisine qui étaient enterrées jusqu'au 1er étage. Toutes les latrines du manoir se déversaient côté nord dans ces fossés.



30 années de travaux !


Ces vues montrent l'importance des travaux que les proprétaires ont dû entreprendre afin de rendre les bâtiments habitables tout en prenant soin de conserver leur aspect d'antan. Un patient travail qu'ils ont étalé sur trente années.
A droite cette pièce dont il ne subsistait qu'une partie de la cheminée est redevenue une chambre.


    A l'intérieur, la grande salle accueille aujourd'hui des musiciens devant sa vaste cheminée lors des concerts estivaux. Elle mesure 10m de long et peut accueillir de 50 à 60 personnes.



    Une énorme cheminée occupe la salle de séjour, pièce à vivre actuelle donnant sur la salle précédente.



    La salle à manger, ou arrière-cuisine, aux dimensions imposantes, et toujours pourvue d'une grande cheminée, présente la particularité de posséder un bassin en pierre encastré dans un mur. C'était le charnier ou saloir. La viande y était conservée sous une couche de sel. On y voit aussi un four à pain ou à gâteaux, une niche à sel et des étagères en pierre pour les ustensiles de cuisine.





    Dans la tour, un large escalier à vis permet d'accéder au premier étage. Ses marches, assemblées au millimètre, mesurent 1,85 m. Il date du XVIe siècle.





  Il s'achève sur un palier dont le plafond en dalles rayonnantes est magnifique. Du palier on accède à gauche à la salle haute, meublée avec beaucoup de goût et dotée d'un superbe lit à baldaquin. Coiffée d'un plafond en berceau, cette salle de réception pour les grandes occasions a été construite pour le mariage de Marie de Kergadiou et de François de Kersauzon.





  On peut aussi, à droite du palier, monter par le petit escalier à vis de l'échauguette jusqu'au second étage où s'ouvre la chambre haute. De forme octogonale, il est possible qu'elle ait été autrefois un bureau, une salle d'archives ou encore la chambre du chapelain.
Les autres pièces habitées de manière plus intime, ne sont, bien sûr, pas ouvertes au public.

  Le visiteur qui achève son exploration des lieux se rend compte qu'un petit manoir breton n'a rien à voir avec un palais du val de Loire, ni en architecture, ni en dimensions. Ce n'est pas un bâtiment destiné à afficher avec suffisance la puissance et la richesse des maîtres des lieux. C'est d'abord un édifice destiné à la vie quotidienne, dans une époque où l'on recherchait aussi les meilleures conditions possibles de sécurité. Aucun ornement superflu, mais la sobriété n'exclut en rien d'avoir aussi du goût.


-1- Kerenneur semble être l'orthographe actuelle. Mais on rencontre aussi Kérenneur, Keréneur, Kerèneur et Kereneur. Voir par exemple les titres des sources ci-dessous.

Documentation aimablement fournie par M. et Mme Egret, propriétaires du manoir de Kerenneur.


EN SAVOIR PLUS

Sur internet, la page de Teñzorioù Ploerin


Sources :
«Le manoir de Kérenneur en Plourin, XVe et XVIe siècles, Journées du Patrimoine.»
«Le manoir de Kerenneur» par Yves LULZAC.
«Le manoir de Keréneur en Plourin-Léon» par le Lieutenant-Colonel Pierre DURAND.
«A Plourin, le manoir de Kereneur, berceau des Kergadiou» par Haude EGRET, Yves LULZAC et Paul DURAND, in «Manoirs de Bretagne» n°7, février 2014.

Des animations sont prévues chaque année dans le manoir : concerts et chants. Voir sur ce site la rubrique " Fêtes et animations ".

Yannick Loukianoff


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