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La Maison des Chanoines


( Commune de Landunvez )


Inscrite à l'inventaire des Monuments historiques en 1987




GPS : 48°32'56" N  4°42'26" W



La Maison des Chanoines est fermée au public
depuis avril 2022
afin d'effectuer des travaux de sécurité.
Sa réouverture n'est pas encore programmée.





Accès : Sortir de St-Renan par la route de Ploudalmézeau (D68) et la continuer tout droit vers Argenton. 1,3 km après la chapelle St-Roch, tourner à droite vers Landunvez. Traverser le bourg, rejoindre la D27 et continuer dans la même direction jusqu'aux premières maisons de Kersaint. Prendre alors à gauche une petite route fléchée « Maison des chanoines » puis la première à droite. Stationner dans la cour.

Une demeure austère:

  Cette maison fut bâtie entre 1550 et 1560 pour une petite communauté de six chanoines créée en 1518 par le seigneur de Trémazan Tanguy(V) du Chastel et destinée à gérer la chapelle de Kersaint qui était l'objet de nombreux pélerinages. Il faut dire qu'avant cette construction les «pères blancs» logeaient chez des particuliers, situation qui rendait difficile la pratique de leur seconde fonction d'herboristes-apothicaires.



   Ce qui constitue aujourd'hui le petit parking où stationnent les visiteurs devait être au XVIe siècle un jardin de plantes médicinales dont le puits est toujours visible devant la maison. Cette façade est en fait l'arrière de la longère. Lorsque l'on contourne l'appentis qui la défigure, on découvre qu'un autre bâtiment, légèrement plus élevé, est accolé perpendiculairement à la construction principale, presque en son milieu.



   A la jonction des deux bâtiments, une sorte d'échauguette très simple, en encorbellement, renferme un étroit escalier menant aux combles. Son seul éclairage est fourni par de minuscules ouvertures.



   L'entrée principale était donc située à l'origine sur le côté nord.
Ce bâtiment sévère, en pierres locales, ne présente aucune ornementation en dehors des petites baies verticales barrées d'un seul meneau horizontal et de trois portes aux sommets arrondis s'encastrant dans un arc de pierres chanfreiné.



    L'arc en plein cintre que l'on voit ci-dessus surmontait l'une de ces trois portes qui donnait accès à un autre bâtiment aujourd'hui en ruines comportant un étage. Cette construction, isolée de l'ensemble, devait servir à héberger des hôtes de passage, malades ou pèlerins.

Sur la façade sud du bâtiment, on remarquera que les portes jumelées ne sont pas identiques : l'une, à gauche, est surmontée d'un arc en anse de panier, l'autre, d'un arc plus élevé, en tiers-point. Cette différence, prévue dès la construction, correspond peut-être à une hiérarchisation des entrées.



Un intérieur sobre et dépouillé :


D'après Fons de Kort : « Landunvez, une maison de chanoines-apothicaires »
Association «SOS Château de Trémazan» 1992.


   Dès que l'on franchit le seuil, on croit traverser les siècles. Le rez-de-chaussée est composé de deux pièces de dimensions semblables, toutes deux pourvues d'une grande cheminée au foyer surélevé.



    Le sol, nouvellement dallé de micaschiste du Conquet, était autrefois en terre battue. Des petites niches sont ménagées dans les murs épais. On devine que ces étagères servaient à recevoir des chandelles et des pots d'apothicaire. Les fenêtres ont des embrasures ébrasées latéralement qui permettent de mieux faire entrer la lumière du jour dans les pièces.

Aucun espace n'est perdu. Sous l'escalier, une réserve dotée d'une série de niches dans les murs permet d'entreposer décoctions, plantes séchées et produits d'apothicaires.



    Cet escalier de pierre possède d'épaisses marches de schiste usées et parfois glissantes.


D'après Fons de Kort : «Landunvez, une maison de chanoines-apothicaires»
Association «SOS Château de Trémazan» 1992.




    La rampe en pierre est chanfreinée.
    On arrive à un palier qui ouvre sur les deux grandes pièces de l'étage ainsi que sur le petit escalier de l'échauguette montant vers les combles.



  Chacune des deux pièces devait à la fois servir de chambre et d'atelier de travail à un ou plusieurs pères blancs. Comme au rez-de-chaussée, des petites niches ménagées dans les murs faisaient office d'étagères. Les pieds-droits des cheminées sont sculptés et la paroi des âtres est renforcée par un arc de décharge formé de moëllons placés sur chant.



  L'étroit escalier mène à gauche à une petite pièce qui fut la chambre du doyen des moines, tandis qu'à droite on aboutit à la grande salle des combles dont on admire la charpente et qui était, elle aussi, utilisée comme chambre. Par mesure de sécurité, sans doute, ce grand grenier est dépourvu de cheminée. Sans chauffage et sans isolation sous la toiture, on devine que les occupants devaient craindre d'y passer l'hiver.



  Les chanoines ont donc vécu là en communauté. Cependant, grâce aux revenus de leur charge et aussi à des dons et legs, ils ont, au fil des ans, possédé plusieurs maisons à Kersaint dans lesquelles ils préférèrent s'installer. Un bail de 1786 le dit clairement : « Guillaume Gabriel Falchun, Guillaume Bothuan, Jean-Louis Leveillant et Yves Mailloux, prêtres-sieurs de l'église collégiale de Kersent-Trémazan, demeurant tous séparément au bourg dudit Kersent, paroisse de Landunvez ...»
  Quatre ans plus tard, à la Révolution, la toute nouvelle municipalité de Landunvez recense les biens immobiliers de la collégiale de Kersaint en vue de les nationaliser. La liste est longue car ceux-ci sont répartis non seulement dans des paroisses proches comme Landunvez, Plourin, Plouguin, Plouarzel, Ploudalmézeau et Lanildut, mais aussi à Ouessant, Crozon, Plougastel-Daoulas, Guiquelleau, Landéda, Lannilis et Plouzané. En plus de multiples terres agricoles, cette minuscule communauté du bout du monde, dont les membres semblaient vivre dans un parfait dénuement, ne possédait pas moins de trente-trois maisons !

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Sources :
Fons de Kort:"Landunvez, une maison de chanoines-apothicaires" Association SOS Trémazan, 1992.
Louis Chauris : "Vieilles pierres à Landunvez; La maison des chanoines ( XVI e siècle )" in L'Hebdo du Finistère - Le Progrès.


Merci à l'association «SOS Château de Trémazan» dont le siège est à la Maison des Chanoines, et à son président Jean-François Le Ménec pour son aide et pour les documents qu'il a aimablement fournis.

En moyenne 5 fois par an, des expositions sont organisées à la Maison des Chanoines : artistes peintres et photographes s'y succèdent.
Voyez notre page Fêtes et animations .


Yannick Loukianoff


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