Accès :
Sortir de Lanildut en direction de Porspoder et prendre la première route à gauche, vers le port. Stationner sur le grand terre-plein tout au bout de la route et suivre le sentier côtier.
La batterie est à 200m.
Le port de Lanildut a connu un trafic intense lorsque les carrières de granite de l'Aber-Ildut approvisonnaient l'Europe en pierres de qualité et que les gabarres locales effectuaient un fructueux commerce de cabotage des ports de l'Atantique à ceux de la Manche et de la mer du Nord. Blocs de granite, mais aussi blé, vin, voiles et autres toiles de lin étaient alors couramment transportés.
En période de guerre contre l'Angleterre, toutes ces marchandises constituaient des prises faciles pour un ennemi disposant de vaisseaux nombreux et intrépides. Dès lors, défendre le port de Lanildut devint capital.
C'est sous Louis XV, durant la guerre de Succession d'Autriche qu'une batterie fut installée à l'entrée du port.
Les installations étaient constituées de deux plate-formes successives. La première comportait deux canons. La seconde un seul. En retrait avaient été construits trois petits bâtiments : une guérite, un corps de garde et un magasin à poudre. Un mât à signaux complétait l'ensemble afin de communiquer avec les navires.
Abandonnés seulement à la fin du XIXe siècle, ces petits éléments de défense côtière, plus ou moins en ruines, gisaient sous une abondante couche de terre et de végétation.
Le corps de garde
Un projet de restauration de ce rare témoignage militaire fut lancé en 2002 par la municipalité en accord avec plusieurs associations locales. Il fallait tout d'abord sauvegarder ces ruines constamment dégradées par le passage des promeneurs. Seule la plus grande des deux plate-formes méritait d'être conservée. Les ruines des bâtiments furent dégagées et sécurisées par des bénévoles de l'association Aber-Ildut Loisirs et Culture et ceux des Ouvriers de Paix.
Mais comment restituer le caractère défensif de cet ensemble sans montrer au moins un canon ? Aucun de ceux provenant d'épaves d'anciens navires ne pouvait convenir : ils étaient trop petits car les batteries côtières disposaient d'unités autrement plus grandes et plus lourdes que les modèles embarqués.
Il fallut se résoudre à en fabriquer un de toutes pièces : fondre un canon tout neuf et fabriquer son affût ! Un projet fou...
Grâce au financement de la Région Bretagne et du Conseil Général du Finistère, après de longues recherches de documentation auprès du Service Historique de la Marine, on commença par la fabrication de l'affût. Celle-ci fut confiée aux élèves de 4e et 3e en Section d'enseignement général et professionnel adapté du collège de Kerhallet, à Brest, sous la direction de leur professeur de menuiserie. Et c'est comme autrefois le bois de chêne de la forêt du Cranou, au sud de Brest, qui fut choisi. Avec ses ferrures, réalisées par un artisan, l'affût, achevé en 2005, pèse près de 900 kg.
Pour concevoir la réplique d'un canon du XVIIIe siècle, ce fut l'historien de la Marine Jean-Yves Besselièvre qui effectua les recherches en archives. Et grâce à une souscription, le canon de près de 1,5 tonne fut coulé en 2007 et transporté sur l'affût fraîchement peint qui l'attendait à Lanildut.
L'inauguration eut lieu le 29 septembre 2007.
Aujourd'hui, les promeneurs armés de leur smartphone se prennent en photo devant ces vestiges défensifs et auprès de l'imposante réplique de notre artillerie côtière d'antan. Ils ne se doutent pas que ce site est unique et que sa mise en valeur est le fruit d'un énorme travail pédagogique qui a certes profité à des élèves, mais qui leur est aussi particulièrement destiné.
EN SAVOIR PLUS :
On trouvera sur internet une documentation très détaillée écrite par Jean-Yves Besselièvre et mise en ligne par le Cercle d'Histoire Locale de Lanildut :
La batterie de l'Aber
La restauration de la batterie de l'Aber Ildut
La batterie de l'Aber Ildut ( XVIIIe-XIXe)
Le canon de la batterie de l'Aber