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La chapelle Saint-Michel
ou chapelle Notre Dame de Bon Secours
ou chapelle de l'Ange gardien

( Commune du Conquet )




GPS : 48°20'45.3 N  4°45'43.6 W





Accès:
  Depuis Le Conquet, prendre la route côtière touristique D 85 en direction de Plougonvelin et la pointe St-Mathieu. A 1,2 km environ, quitter cette route au niveau de la plage de Porzliogan, et prendre à gauche la rue Surcouf vers Lochrist. En haut de cette rue, tourner encore à gauche et stationner à droite au parking du cimetière.

  Depuis Plougonvelin, suivre la D 85 vers Le Conquet. Après la pointe St-Mathieu, continuer sur 2 km, et tourner à droite vers Lochrist. En haut de cette rue, tourner à gauche et stationner à droite au parking du cimetière.




  Le petit bourg de Lochrist était autrefois le cœur du Conquet. C'est là que se trouvait l'église Sainte-Croix qui a été déménagée 2 km plus loin, au centre du Conquet, en 1856 1.  C'est aussi là que se trouvent toujours le cimetière du Conquet et la chapelle Saint-Michel. Il faut donc pénétrer dans ce cimetière pour la découvrir.

Ce petit bâtiment, qui date vraisemblablement du XVIIe siècle, a subi une restauration au cours du XIXe lorsque l'église de Lochrist a été enlevée. Il est en granite et un clocheton surplombe le pignon de l'ancienne entrée. Cet élément est amorti2 par une colonne pyramidale sur laquelle trône la girouette du coq. Il est vraisemblable que sa fonction n'était pas seulement décorative mais que celle-ci servait aussi d'amer aux navigateurs.



  On pénètre aujourd'hui dans la chapelle par la porte latérale que surplombe une voussure finement ouvragée au centre de laquelle on voit qu'un blason a été effacé. Au pied de la porte, une dalle de schiste ornée d'une croix pourrait bien provenir d'une ancienne tombe.



    Sous une voûte en berceau, l'intérieur est sobre mais fonctionnel.



On est surpris de constater ici la présence d'une balustrade séparant du public l'espace réservé aux offices. On peut y voir la survivance d'un cloisonnement en vigueur sous l'Ancien Régime afin de réserver des emplacements privilégiés aux nobles ou peut-être aux moines de St-Mathieu.



Derrière l'autel, un grand vitrail attire l'attention. Il n'est ni signé, ni daté. Cependant, d'après son style, on peut penser qu'il a vraisemblablement été confectionné au début du XXe siècle.



On reconnaît à gauche Saint Corentin représenté en évêque, aux pieds duquel est figuré un poisson. La tradition veut en effet que ce saint du Ve siècle avait la particularité de faire venir à lui chaque jour des poissons qui reprenaient vie après avoir été consommés. Il offrit, dit-on, ce genre de dîner miraculeux au roi Gradlon et celui-ci, à la fois stupéfait et ravi, le nomma évêque de Quimper.
    Au centre, Saint Pierre est reconnaissable à la clé du paradis qu'il tient de la main droite.
    A droite se trouve Saint Pol Aurélien. Originaire du Pays de Galles et accompagné de 24 autres moines, il aurait débarqué, selon la légende, vers l'an 480 à Ouessant, puis à Lampaul-Plouarzel. Il aurait fondé un monastère à Lamber en Ploumoguer, aurait séjourné à Lampaul-Ploudalmézeau et aurait ensuite gagné l'île de Batz où un dragon terrorisait la population. Saint Pol Aurélien aurait forcé la bête à se jeter dans la mer. Le roi Childebert 1er, fils de Clovis, l'aurait nommé évêque et lui aurait confié le diocèse d'Occismor, aujourd'hui St-Pol-de-Léon, dont la cathédrale conserve ses reliques. Regardez bien : à ses pieds, le dragon vaincu symbolise le paganisme.
Mais observez plus attentivement ce curieux vitrail où une main bizarre se dresse hors des étoffes au niveau des genoux du saint.



Devinette : Pouvez-vous trouver ce que désigne ce doigt tendu ? ( La réponse se trouve au bas de cette page ).

Observons maintenant les statues qui encadrent cette maîtresse-vitre.



A gauche, l'Archange Saint-Michel armé de sa lance terrasse non plus un dragon comme au Mont Saint-Michel, mais un démon à figure humaine. Saint Michel a donné l'un de ses trois noms à la chapelle.
    A droite, on voit un autre personnage ailé. C'est un ange lui aussi, l'ange gardien qui est censé protèger tout un chacun. Longtemps la chapelle a porté le nom de « chapelle de l'Ange Gardien ». Mais cette appellation ancienne n'est plus employée aujourd'hui.

Un autre personnage, en prière, figure contre le mur de gauche.



  Il s'agit de Saint Jérôme. Ce moine croate très érudit a vécu au IVe siècle. On retient surtout de lui qu'il traduisit la Bible en latin : l'Ancien Testament à partir du texte en hébreu, le Nouveau Testament à partir du texte grec. C'est seulement sa traduction, appelée Vulgate, qui est officiellement reconnue par l'Eglise et qui fut imprimée par Gutenberg mille ans plus tard. Saint Jérôme fut aussi secrétaire du pape Damase 1er.



Notre-Dame de Bon Secours est placée contre le mur de droite. La Vierge est invoquée en cas de grave danger, principalement par les marins.

Une série de vitraux modernes orne les différentes ouvertures. On reconnaît successivement Saint Hervé et son loup, Saint Benoît, Saint Michel terrassant un dragon, Saint Jacques et Saint Simon qui fut exécuté à la scie.





On ne manquera pas, en quittant la chapelle, de jeter un œil dans le cimetière à la stèle érigée à la mémoire de Jean-François Le Gonidec ( 1775-1838 ). Ce Conquétois s'est rendu célèbre en écrivant une grammaire bretonne et en traduisant la Bible en breton. Un Saint Jérôme breton, en quelque sorte, dont l'œuvre profite aussi aux autres langues celtiques.




La réponse à notre petite devinette :

Le doigt de Saint Pol Aurélien désigne la mer vers laquelle il ordonne au dragon qui git à ses pieds de se jeter.
Eh oui, bien que ce doigt soit dirigé vers le haut, c'est bien le bas de l'image qu'il désigne. Le vitrail comporte, horizontalement, trois parties. Et au moment de sa pose, la grande partie centrale a été placée à l'envers, c'est-à-dire la tête en bas !
La pose ayant été faite depuis l'extérieur, elle n'a pas immédiatement été contrôlée.3

Un saint précurseur du bon roi Dagobert :

Un internaute de passage à Lochrist, intrigué par la curieuse position de la main du saint, en a fait la découverte en 2013. A l'aide de son ordinateur il a redressé l'image et nous l'a communiquée. Voici le surprenant résultat auquel il est parvenu :

       

Le vitrail inversé actuel

Le vitrail original restitué
© Raymond Lapôtre



   Cette étonnante inversion, longtemps restée méconnue, fait de ce vitrail une curiosité absolument unique qui mérite d'être conservée ainsi et préservée.



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-1- Voir sur ce site la page consacrée à l'église Sainte-Croix du Conquet :  L'église du Conquet.

 -2- En architecture on emploie le verbe amortir pour dire qu'un élément en prolonge verticalement un autre pour le terminer.

 -3- La pose du vitrail étant réalisée par l'extérieur, on peut aussi supposer que l'ouvrier n'avait pas la clé de la chapelle pour pouvoir vérifier son travail.

Yannick Loukianoff


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