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Les davieds du littoral








     Cette page vous propose de partir à la découverte d'installations oubliées, qui vont vous emmener de Ploumoguer à Plougonvelin distants d'une vingtaine de kilomètres. Il vous faudra donc prendre un véhicule.

Lors de promenades sur le sentier côtier, on aperçoit parfois des sortes de murs bordant le sommet des falaises. Le promeneur pense qu'ils ont été confectionnés pour empêcher celles-ci de s'effondrer. C'est exact, mais en partie seulement car la véritable raison de cet aménagement laborieux est de stabiliser la plate-forme d'un davied et ainsi de la sécuriser.






Le terme « davied » est un mot breton, que l'on écrit aussi davier en français, et qui désigne l'aménagement de la falaise, la plateforme horizontale et l'appareil destiné à hisser un chargement venant du rivage. Les davieds ne sont pas très courants, mais on en rencontre encore dans le Pays d'Iroise, principalement au-dessus des grèves peu accessibles comme à Porstheven, sur la commune de Ploumoguer, ou sur la côte de Plougonvelin.


-1- LE DAVIED DE PORSTHEVEN ( Commune de Ploumoguer )


GPS du stationnement : 48°23'22.9"N   4°46'22.8" W

Accès :   A partir de Ploumoguer, suivre la D28 en direction du Conquet. A 300m, tourner à droite vers la plage d'Illien. Au bout de la route, tourner encore à droite puis prendre la première petite route à gauche près d'un calvaire. On arrive au hameau de Brenterc'h. Prendre à gauche et suivre la route goudronnée. Stationner sous les arbres à la fin de la partie goudronnée.
Continuer à pied ce large chemin qui devient rocailleux, et qui descend puis remonte, sur environ 600 m. En haut de la montée, prendre à gauche le chemin côtier GR-34. On aboutit tout de suite à la plaque signalétique émaillée du site de Porstheven.




  Cette plaque émaillée montre comment était remonté autrefois le goémon destiné surtout à engraisser les cultures, dans les champs et les jardins. Il s'agissait donc du goémon d'épave, celui que la mer arrache et dépose sur le littoral.
Derrière la palissade on aperçoit des restes de poutres en bois dépassant de la falaise. Au premier plan, une plateforme cimentée les maintient dans le sol.


Les restes de poutres en bois ( les deux bords gris sur la photo ) surplombent le vide.


D'après Georges Clairin : Les brûleuses de varech.1882.
Musée d'Art et d'Histoire de St-Brieuc

  Ces poutres servaient de supports à un bras muni d'une poulie qui permettait à l'aide d'une corde de faire remonter sur le bord de la falaise le goémon récolté en contrebas.
La traction était assurée soit par un treuil à main, soit par un cheval. On faisait basculer vers soi le bras et son chargement pour transporter ensuite le goémon sur un bard ( grande civière ) ou dans un tombereau.



  Les amateurs de géologie ne manqueront pas, si la mer est basse, de descendre le sentier jusqu'à la chicane afin de contempler depuis la grève la falaise de Brenterc'h qui constitue un lieu où l'on découvre comment s'est formé l'océan Atlantique ( visite de la falaise de Brentec'h ).

Il faut maintenant nous rendre sur la commune de Plougonvelin où les davieds encore visibles sont nombreux et intéressants à découvrir.


-2- LES DAVIEDS DES ROSPECTS ( Commune de Plougonvelin )


GPS du stationnement : 48°19'49.8"N   4°45'35.5" W

Accès :   A partir de la pointe St-Mathieu, prendre la direction de Plougonvelin et tourner à droite vers Les Rospects. Stationner au bout de la route. Deux départs de chemins sont parallèles. Suivre à pied celui de droite qui rejoint le sentier côtier GR-34. Tourner à droite vers le blockhaus. Sur la falaise on voit très bien les emplacements des anciens davieds. Attention, ne pas trop s'approcher du bord, danger d'éboulement.


Plaque apposée par la CCPI. Com1nom@de et Jézéquei Publicité

Entre la pointe St-Mathieu et Plougonvelin, au lieu-dit « Les Rospects », on peut apercevoir les restes de plusieurs davieds. La plateforme supportant le bras et sa poulie était une pierre plate sur laquelle on remarque une encoche.


La pierre à encoche ( ar mean daviet ) d'un davied intrigue toujours les promeneurs



Plus à l'est, à un kilomètre sur la même côte, un autre site comporte plusieurs emplacements de davieds.


-3- LES DAVIEDS DU VAÉRÉ ( Commune de Plougonvelin )


GPS du stationnement : 48°19'50.0 N   4°45'08.0 W

Accès :   Revenir à la route principale vers Plougonvelin et prendre la seconde petite route à droite fléchée « Vaéré ». A la fourche, prendre à droite et continuer jusqu'à la mer. En face, un passage très court mène au sentier côtier. Vers la gauche, on aperçoit en bord de falaise un large espace herbeux. Tout autour, on découvre les davieds.







  En fait il n'y en a pas que trois et on s'amusera à les découvrir tous. Mais attention à ne pas trop s'approcher du bord de la falaise ( risque d'éboulement ). On comprend que cet espace ait été choisi à la fois pour la verticalité des parois, la facilité d'accès par la mer, et parce qu'il offre un espace suffisant pour y faire évoluer un cheval attelé à un tombereau.

Au retour, en reprenant la petite route, un panneau de sens interdit oblige à prendre à gauche un chemin de terre. Il est intéressant de stationner juste à cet endroit pour observer, au-dessus du ruisseau, un aménagement installé par M. Gabriel Quellec, créateur du Jardin du Vaéré situé de l'autre côté de la route ( visite du jardin ).


Reconstitution d'un bras de davied ( ar c'hoad daviet ) dans son encoche
par Gabriel Quellec, Plougonvelin, jardin du Vaéré


  Les algues remontées par ce système étaient donc traditionnellement répandues comme engrais dans les jardins ou dans les champs après les labours. L'activité goémonière était principalement paysanne et saisonnière. Elle perdura ainsi jusque dans les années 1960.

  Mais dans la première moitié du XIXe siècle, lorsque fut inventée une méthode industrielle pour obtenir à partir des algues laminaires divers produits chimiques, dont la soude, l'activité goémonière se diversifia. Des professionnels cueillaient en voilier les laminaires, les mettaient en meules puis les étalaient au sol afin de les sécher au vent et au soleil.
Ils les transportaient ensuite jusqu'à un four à goémon aménagé dans la lande où elles étaient brûlées ( visite des fours à goémon ). La pâte obtenue durcissait et était vendue aux différentes usines d'iode du Pays d'Iroise.

  Ces marins goémoniers vivaient souvent à proximité de leur lieu d'activité. C'est ainsi que sur les îles de l'archipel de Molène beaucoup d'entre eux s'établissaient une grande partie de l'année dans des constructions provisoires où ils vivaient misérablement.
A Porstheven, celles-ci étaient situées tout près de la falaise.



  Restaurées, devenues de petites maisons de vacances à la vue de mer imprenable, les anciennes maisons des goémoniers sont toujours là à Porstheven pour rappeler que des populations très pauvres du Pays d'Iroise n'avaient autrefois que l'activité goémonière1 pour survivre.

Yannick Loukianoff


-1- L'activité goémonière est loin d'avoir disparu, mais elle a beaucoup évolué avec les progrès techniques. Pour s'en convaincre, il faut visiter le port de Lanildut et sa Maison de l'Algue ( visite de la Maison de l'Algue ). Lanildut est le premier port goémonier d'Europe. Toute une flottille de navires spécialisés y débarque les algues prélevées au large. Celles-ci sont ensuite acheminées dans des usines où l'on fabrique aujourd'hui les alginates utilisés comme gélifiants, stabilisants, épaississants ou émulsifiants pour l'industrie agroalimentaire.

EN SAVOIR PLUS

Lire sur le site internet « Aux Marins » la page écrite par Rémy Le Martret concernant les davieds de St-Mathieu.

Lire aussi sur son blog la page écrite par Jean-Pierre Clochon concernant les davieds du Conquet.

D'autres images de davieds sont disponibles sur internet.

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